Aimer ses ennemis : évangile de ce dimanche

La logique de Dieu bouleverse radicalement notre logique. Aimer ses ennemis et leur pardonner est le commandement le plus scandaleux, le plus incompréhensible et le plus absurde, tant pour les disciples de Jésus d’il y a deux mille ans que pour nous aujourd’hui. On nous demande d’agir non selon notre instinct d’homme mais selon Dieu, comme Dieu. Et « comme Dieu » signifie être miséricordieux. Celui qui se venge veut une victoire pour lui-même. Celui qui pardonne donne la possibilité à l’autre de vaincre c’est à dire de s’ouvrir à la vie de Dieu.
La logique de Dieu est toujours « autre » par rapport à la nôtre, comme Dieu le révèle lui-même par la bouche du prophète Isaïe: « Vos pensées ne sont pas mes pensées et vos chemins ne sont pas mes chemins » (Is 55, 8). C’est pourquoi suivre le Seigneur demande toujours à l’homme une profonde conversion, un changement dans la façon de penser et de vivre, une ouverture du cœur pour se laisser illuminer et transformer intérieurement. Une caractéristique essentielle qui différencie l’homme de Dieu est l’orgueil: il n’y a pas d’orgueil en Dieu parce qu’il est parfaite plénitude et entièrement tourné à aimer et donner la vie; en revanche chez nous les hommes, l’orgueil est intimement enraciné et demande une vigilance et une purification constantes. Nous qui sommes petits, nous aspirons à paraître grands, à être les premiers, alors que Dieu ne craint pas de s’abaisser et de se faire le dernier. La Vierge Marie est en parfaite « syntonie » avec Dieu: invoquons-la avec confiance et imitons-la avec générosité, en suivant fidèlement Jésus avec elle sur la voie de l’amour et de l’humilité.
La logique de Dieu n’est pas inhumaine, au contraire elle fait fleurir notre humanité. « Nous ne devons donc pas avoir peur d’assumer la logique de Dieu même si c’est la logique de la Croix, qui n’est pas d’abord celle de la douleur et de la mort, mais celle de l’amour et du don de soi qui apporte la vie » (Pape François).
La logique de Dieu est différente de la nôtre. Même sa toute-puissance est différente: elle ne s’exprime pas comme une force automatique ou arbitraire mais elle se caractérise par une liberté amoureuse et paternelle. En réalité Dieu, en créant des créatures libres, en donnant la liberté, a renoncé à une part de son pouvoir en laissant le pouvoir de notre liberté. Si nous assumons la logique de Dieu, nous utiliserons notre pouvoir ni dans la violence, ni dans la destruction mais dans l’amour, dans la miséricorde et dans le pardon. Cette façon d’agir n’est faible seulement qu’en apparence parce qu’en réalité « seul celui qui est vraiment puissant peut supporter le mal et faire preuve de compassion; seul celui qui est vraiment puissant peut exercer pleinement la force de l’amour. Et Dieu, à qui toutes choses appartiennent parce que tout a été fait par Lui, révèle sa force en aimant tout et tous, dans une attente patiente de notre conversion, à nous, les hommes, qu’il désire avoir comme fils » (Benoît XVI).
« La logique de Dieu est partage et miséricorde ; elle ne raisonne pas avec des récompenses ou des châtiments mais elle accueille tous ceux qui demandent miséricorde et pardon, pour que tous redeviennent des frères » (Pape François).

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