Commentaire de l'évangile de ce dimanche par St Ambroise

Commentaire de l'évangile de ce dimanche par St Ambroise
Pourquoi un commandement nouveau ?
Pourquoi un commandement connu depuis l’Ancien Testament (voir Lc 19,18) est-il appelé « nouveau » ? À cet égard, la distinction entre « ancien » et « vieux » est utile. Dans ce cas, « nouveau » ne s’oppose pas à « ancien », mais à « vieux ». Même l’évangéliste Jean écrit dans un autre passage : « Bien-aimés, ce n’est pas un commandement nouveau que je vous écris, mais un commandement ancien …Et pourtant, c’est un commandement nouveau que je vous écris » (1 Jn 2, 7-8). En bref, s’agit-il d’un nouveau commandement ou d’un ancien commandement ? L’un et l’autre. Il est ancien selon la lettre, car il a été donné depuis longtemps ; c’est nouveau selon l’Esprit, car c’est seulement avec le Christ que la force nous est donnée pour le mettre en pratique. Dans l’évangile d’aujourd’hui, le nouveau n’est pas opposé à « l’ancien » mais au « vieux ». Aimer son prochain « comme soi-même » était devenu un commandement « vieux », faible et usé, à force d’être violé, parce que la Loi imposait l’obligation d’aimer, mais ne donnait pas la force pour le faire.
Le commandement d’aimer comme le Christ nous a aimés n’est pas une nouvelle loi, car il ne nous est pas demandé quelque chose de plus difficile que ce qui est demandé par les précédentes lois. La loi d’amour que le Rédempteur nous donne est nouvelle car c’est l’indication d’une vie vécue comme un don, pour une existence à vivre dans le plein partage de confiance amoureuse, de total abandon à la tendre miséricorde de Dieu.
Le commandement que le Christ nous donne est nouveau car, alors que la loi humaine nous est une obligation de l’extérieur, la loi chrétienne est une invitation qui fait fleurir le cœur humain et le rend capable de donner à Dieu et à son prochain.
En fait, le nouveau commandement exige l’amour de l’un pour l’autre et il ne s’agit pas d’une simple philanthropie. Le commandement est nouveau si on aime comme le Rédempteur aime : « Comme je vous ai aimé ». « Comment, Seigneur ? » C’est ce « comment » qui fait la différence. Comment ? En aimant tels que nous sommes, sans prétendre, sans réagir, toujours et à jamais, au point de donner la vie et pas seulement à nos amis, mais surtout à nos ennemis. Comme le Christ l’a fait, il nous faut aimer jusqu’à la mort.
En réalité, ce n’est pas pendant sa vie que Jésus formule ce commandement de l’amour que celui-ci devient nouveau. C’est en mourant sur la croix et en nous donnant le Saint-Esprit que le Christ nous rend capables de nous aimer les uns les autres, en mettant en nous l’amour que Lui-même a pour chacun de nous.
De plus, le commandement de Jésus est un commandement nouveau au sens actif et dynamique : car il « renouvelle », nous rend nouveaux, transforme tout. « C’est cet amour-là qui nous renouvelle, pour que nous soyons des hommes nouveaux, les héritiers du testament nouveau, les chantres du cantique nouveau. » (Saint Augustin d’Hippone).

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